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Ski: Longueur + sidecut + rayon + rockers + flexion + torsion = compliqué 

 janvier 28, 2021

By  Marius Bulota

Nos graphiques sont l'ADN d'un ski

Débutons par admettre qu’il n’est pas exactement simple de lire ces graphiques. Mais si vous avez abouti à cet article, c’est que vous avec l’intérêt d’y comprendre quelque chose. Sachez aussi que nous travaillons à développer des indicateurs simplifiés pour rendre la catégorisation des skis plus faciles. Idéalement, nos indicateurs seront assez clairs que les compagnies de ski opteront pour les adopter, ce qui nous permettra enfin de distinguer réellement les options disponibles. Comme l'ADN, c'est compliqué, mais ça en dit long!

Pourquoi mesurer des skis?

Tout a commencé lorsqu’un l’un de nos cofondateurs, Alexis Lussier-Desbiens (Professeur de génie mécanique à l’Université de Sherbrooke) s’est donné comme mission de fabriquer ses prochains skis. À cette époque, il était étudiant au doctorat à Stanford University aux États-Unis. Fidel à ses habitudes, il a débuté par une revue de littérateur, qui l’a mené à réaliser que dans l’industrie du ski, les catégories, c’est n’importe quoi. Pire encore, même si l’on voulait catégoriser, il n’y avait pas de mesures disponibles, pas même le poids des skis à cette époque (2007). Poursuivant ses recherches, il s’est aussi aperçu que les quelques mesures prises par les compagnies lors des développements et des contrôles qualités ne sont pas vraiment utiles, en plus d’êtres disparates. Il fallait donc commencer par trouver une façon de mesurer les propriétés des skis. Ce manque est à l’origine de notre technique de mesure qui est maintenant utilisée par plusieurs gros manufacturiers dans le monde.

Les manufacturiers ne partagent pas grand-chose

Depuis quelques années, les compagnies se sont efforcées de publier de plus en plus de données. Il y a quelques années, on ne pouvait retrouver que la longueur, la largeur et le rayon. Ensuite, plusieurs se sont mises à publier les données complètes du sidecut. Mais encore aujourd’hui, certaines compagnies ne publient que les données du sidecut de leur ski principal (en général la première taille développée pour un nouveau modèle). Avec la popularité du hors-piste, le poids des skis est maintenant couramment présenté. Nous observons aussi des données de profil, c’est-à-dire la cambrure, les rockers et les spatules. Mais celles-ci se limitent en général à des qualificatifs peu précis. Il en va de même pour la flexion, certaines compagnies publient parfois des niveaux plus ou moins précis.

Quelles mesures de ski sont manquantes?

En fait, le problème est bien plus large que les données manquantes. Depuis plusieurs années, nous discutons avec pratiquement toutes les grandes compagnies de ski et beaucoup de plus petites compagnies. Nous nous sommes aperçus que dans bien des cas, ils ne mesurent que des aspects très primitifs, avec très peu de granulométrie et pour lesquels ils ne font pas clairement la relation avec les sentiments sur neige. Ils préfèrent progresser avec des essais-erreur, soit l’approche la moins précise, la plus longue et la plus coûteuse en bout de ligne.

Les deux aspects les plus importants pour distinguer des skis sont les distributions de rigidité en flexion et en torsion. La flexion est souvent mesurée par les compagnies, mais selon un protocole de test en 3 points. C’est une méthode très primitive qui ne donne qu’une moyenne pour le ski au complet. Par contre les variations entre le devant et l’arrière du ski peuvent être très importantes et donner un sentiment très différent au skieur.

Quant à la torsion, c’est simple : absence quasi totale. C’est fou quand j’y pense, car la torsion d’un ski est l’élément principal qui peut faire en sorte que l’on adore un ski ou qu’on le déteste. L’équipe d’Alexis a étudié cet aspect avec des skis « Blank », c’est-à-dire diffèrent à l’intérieur mais identiques à l’extérieur. La conclusion était claire, la torsion est LA propriété pour laquelle les skieurs sont les plus sensibles. On aime ou on déteste certains niveaux.

Comprendre l'ADN d'un ski

C'est principalement avec nos graphiques que nous démystifions l'ADN des skis, pour comprendre leur comportement sur la neige, sans même devoir les skier. 

Graphique 1 - Le profil

La mesure du profil d’un ski consiste à faire une vue en coupe longitudinale d’un ski. On y voit beaucoup d’informations et le profil est l’élément qui a le plus évolué dans l’industrie au fil de la dernière décennie. La longueur, les spatules, les rockers et la cambrure sont les éléments que l’on mesure et que l’on calcule. Les rockers sont devenus très populaires. Les variations de cambrures étaient très populaires il y a quelques années. Quant aux spatules, nous avons vu l’apparition des twin-tips il y a longtemps déjà, mais les variations sont encore très présentes. En magasin, il est facile de prendre deux skis et les placer base à base pour comparer leurs rockers, spatules, effective edge… Par contre sur le web, nous sommes la seule compagnie qui permet de présenter les données spécifiques des rockers, spatules et effective edge.

Graphique 2 - La géométrie

Notre mesure de la géométrie est en quelque sorte une vue en plan d’un ski, c’est-à-dire une vue du dessus. On y voit la largeur en tout point du ski et la forme de la spatule et du talon. Avec ces informations, nous calculons le rayon. Les compagnies donnent les informations du sidecut, c’est-à-dire les points les plus larges et le point le plus étroit. Toutefois, cela peut causer de la confusion. D’une taille à l’autre, il y a des variations. Si l’on veut conserver un certain rayon fixe peu importe les tailles, il faut varier les largeurs. Si l’on veut conserver la largeur au patin fixe, il faut alors varier le rayon. En général ce ne sont pas de grosses variations, mais on peut s’attendre à 4mm au patin et/ou 1m de rayon. L’avantage de notre système est de comparer réellement les skis à une longueur spécifique.

Graphique 3 – La distribution en FLEXION

La distribution en flexion est un élément très peu partagé par les manufacturiers. Tout d’abord, ne pensez pas que vous avez la capacité de bien évaluer un ski en flexion lorsque vous effectuez le « hand flex » en boutique. Nous avons démontré que même les professionnels (testeurs) se trompent plus souvent qu’autrement! De plus, il est très difficile de distinguer la flexion dans une région particulière du ski en utilisant sa main. Pourtant, les variations locales sont très présentes, surtout dans les extrémités. Un ski rigide à l’arrière supporte et propulse beaucoup plus. Un ski rigide à l’avant pardonne peu, surtout en terrain varié (bosses) et neige variable (poudreuse, neige de printemps…). Nos graphiques représentent la flexion tout au long du ski. Plus la ligne est haute dans le graphique, plus le ski est rigide à cet endroit précis. Notre système de mesures est le seul à offrir ce genre de précision. D’autre part, choisir son niveau de flexion c’est un peu comme choisir des souliers : tous les pieds sont différents. Il est donc normal que nous appréciions des niveaux différents, même entre gabarits de skieur et performance équivalents.

Graphique 4 – La distribution en TORSION

Quant à la torsion, c’est vraiment ici que Sooth se distingue. En fait, les compagnies qui ont choisi de se procurer notre technologie de mesure l’on fait majoritairement pour la distribution en torsion. À ce niveau, ce n’est pas compliqué, nous sommes vraiment les seuls à mesurer et comparer la torsion. Pourtant, nos études ont démontré que c’est la propriété pour laquelle les skieurs sont les plus sensibles. Un ski rigide en torsion procure beaucoup de prise des carres, mais peut aussi en donner trop, ce qui nous donne l’impression de nous enfarger ou que le ski décide de notre trajectoire. À l’autre bout du spectre, les skis qui sont souples en torsion sont plus joueurs, plus adaptables, mais peuvent aussi donner l’impression qu’ils manquent d’accroche, ou d’agressivités à engendrer ou compléter un virage. Ici encore, plus la courbe est haute, plus la rigidité en torsion est élevée à cet endroit. Toutefois, il y a une section du ski pour laquelle les valeurs en torsion ne font aucune importance : sous les fixations. Puisque la force est appliquée au niveau des fixations, le niveau de torsion à l’intérieur de l’empreinte des fixations n’importe peu. Il faut vraiment comparer les sections avant et arrière.

Exemple: Faction Dictator et leur évolution de 2019-2020-2021

Dans cette image, nous sommes capables de déceler très bien l'évolution du Faction Dictator 2.0 au fil des ans. En 2019, c'était un ski avec peu de cambrure et des rockers imposants, ce qui laissait peu d'effective edge. Toutefois, la spatule et le talon étaient assez rigide, autant en flexion qu'en torsion (plus que les modèles suivants). Par la suite, en 2020 ils ont drastiquement changé la cambrure (premier graph). Ils ont aussi assoupli chaque extrémité, ce qui permet de pardonner d'avantage, sans nécessairement avoir de gros rocker. Donc un gain considérable pour les conditions de neige ferme, mais un sacrifice pour la maniabilité. Finalement le modèle 2021 est demeuré très similaire, un peu plus rigide, mais probablement difficile à percevoir pour la plupart des skieurs. Toutefois, la cambrure a été réduite pour rejoindre quasiment celle de 2019, proposant plus de maniabilité dans la neige molle.

Après avoir étudié des centaines de skis, nos conclusions…

C’est malheureux à dire, mais beaucoup de développement dans le monde du ski est limité à des « buzz word » marketing, qui ne veulent pas dire grand-chose et pour lesquels nous sommes facilement capables de mesurer soit le caractère complètement faux de ce qui est annoncé, soit un résultat égal à ce qu’il se fait déjà. C’est comme si la recette secrète des concepteurs est connue, elle fonctionne assez bien, alors très peu se donnent la peine de pousser réellement le développement plus loin. Par exemple, des skis légers, mais aussi rigides en torsion, c’est plutôt rare. Pourtant, cela n'est pas impossible à faire.

L’autre constat que nous avons c’est que bien des gens skient avec les mauvais skis aux pieds. Des skis trop rigides, des skis avec trop peu de torsion… Peu importe, fort de plus de 20 ans à enseigner et coacher en ski, je constate que même moi à plusieurs époques de ma vie, j’aurais pu mieux faire avec les bons skis aux pieds. Aussi, comme bien d’autres, j’ai déjà acheté et revendu à perte une paire de skis que j’ai détestés, suite aux conseils d’un vendeur. Notre but est d’aider les consommateurs à mieux connaitre leurs besoins et les diriger au bon endroit!

Marius Bulota


Marius is the co-founder of SoothSki. He's also an electrical engineer, passionate of innovative technologies. Marius skis at Mont-Sainte-Anne in Canada and has travelled the world on remote backcountry adventures.

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